Quand l’homme utilise des énergies, il produit des déchets. Ce processus est entropique (désorganisation d’un système). Le vivant, en utilisant la photosynthèse, créé de la complexité et de l’abondance en recyclant les matières organique « mortes » de façon optimale grâce à une grande diversité d’espèces qui interagissent en symbiose. La syntropie vise à mettre en place ce cercle vertueux de régénération du paysage et des sols dans des parcelles de type jardin-forêt ou agroforestières.
L’agriculture de type syntropique vise à s’inspirer des systèmes naturels pour augmenter la productivité en tirant parti de la biodiversité plutôt que d’une monoculture. Elle s’inscrit dans une agriculture de restauration écosystémique, de renaturation (au niveau des sols par exemple) et de puits de carbone.
La syntropie est issue des travaux de Ernst Götsch./
Quelques éléments sur culture syntropique :
Le principe : remettre les plantes dans les conditions de lumière, de fertilité et de diversité qu’elles auraient dans leur milieu naturel. Le choix des espèces prend en compte des facteurs tels que la vitesse de croissance, l’occupation de l’espace, le climat, le sol, les particularités locales…
- Les plantes ont des besoins en lumière et autres différents selon les espèces.
- l’organisation de l’espace est fonction de ces besoins.
- Les essences d arbres vont se succéder dans le temps en fonction de leur spécificité.
- les plantations sont serrées, diversifiées et planifiées dans la durée.
- La parcelle doit être autonome rapidement c’est à dire produire la biomasse nécessaire à l’amélioration du sol et à la mise en place des cycles de fertilité.
- les arbres vont déployer leur productivité dans le temps, la syntropie prend en compte le temps long et la succession des différents types de végétaux.
- Les premières années l’un des objectifs est produire de la matière organique en abondance afin d’initier une forte activité biologique dans le sol. Autonomie en paillage ligneux et vert.
- Paillage et couvert végétal vivant tapissent le sol.
- Il y a une stratification des végétaux afin de maximiser le rendement de la lumière et des micros cycles de l’eau.
- La production de nourriture se fait avec des légumes, des baies, des fruits, des plantes aromatiques dont les récoltes se succèdent au fil des saisons
- Des « perturbations » (éclaircissement de certaines zones) permettent à la lumière d’entrer sur des zones restées à l’ombre ce qui a un effet très stimulant sur les espèces des strates inférieures en boostant les récoltes et la pousse. Ces perturbations naturelles (vent, etc…) ou artificielle amène de la matière organique au sol.
- Assez rapidement, l’activité biologique du sol est stimulée par des arbres ou arbustes pionniers, des vivaces et annuelles dont les feuilles, tiges et racines mortes laissées en place vont nourrir les vers, les champignons, les insectes assurant la porosité du sol à l’oxygène et à l’eau.
- Les micros cycles de l’eau dans la litière et sous les différentes strates de végétaux créé un effet de préservation de l’humidité très utile en période chaude. La vie du sol est préservée, les besoins en arrosage très limités ou nuls.
- La variété de végétaux, de champignons, d’insectes limite l’apparition d’attaque massive d’un « ravageur » car il y a des prédateurs et concurrents qui se régulent mutuellement.
- La taille des arbres produit de la matière organique sur place et relarguee des hormones de croissance dans le sol.
Qui est Ernst Götsch le fondateur de la syntropie ?
Ernst Götsch est un agriculteur et chercheur suisse travaillant principalement au Brésil. Il a défendu l’adoption d’un système traditionnel de techniques agricoles durables respectueuses du climat et de la biodiversité, connu sous le nom d’agriculture syntropique.
Ernst Götsch s’installe au Brésil en 1984 dans un domaine agricole situé dans un État particulièrement aride: Bahia. Au départ, ce domaine comptait 500 hectares de terres dégradées et improductives.
Le scientifique a développé des expériences grandeur nature des systèmes agroforestiers successifs sur ce terrain. Un système agroforestier successif étant un écosystème sylvestre en constante évolution. Les recherches agronomiques et pratiques d’Ernst Götsch portent sur les symbioses qui s’opèrent lors de l’association d’arbres et de cultures.
Le principe de Ernst Götsch est dans un premier temps de semer des cultures de couverture biologiques comme le sorgho et le mil pour améliorer le sol. Ils établissent ensuite des graminées vivaces qu’ils coupent et râtissent en andains. Cette accumulation initiale de matière organique recouvre et améliore le sol. Les arbres sont ensuite établis en motifs répétitifs. Les espèces de biomasse sont taillées à une hauteur fixe. Lorsque les eucalyptus sont jeunes, leurs branches sont coupées par des élagueurs.
Les différences climat tropical/climat tempéré sur les milieux forestiers
Les arbres poussent 4 à 8 fois plus vite sous les tropiques. Au niveau des fruits, petit exemple : bananes produisent 2,5 fois plus de calories par unité de surface que les châtaignes.
La majeure partie de la biomasse d’une forêt tropicale (plantes vivantes et mortes, champignons, etc.) se trouve en surface, en partie parce que la forêt n’a pas besoin de survivre pendant l’hiver et de stocker la fertilité sous terre.
Les sols tropicaux sont relativement pauvres en matière organique, car les feuilles et les branches mortes se décomposent très rapidement sous l’effet de la chaleur et de l’humidité. Par contre, les forêts de climat froid ont des sols organiques profonds et la biomasse s’accumule beaucoup plus lentement.